Lorsque j’étais gamine dans les années 70, je me rappelle que les jardins devaient être « propres » c’est-à-dire exempts de « mauvaises herbes ».
Tout le monde cultivait son petit arpent de terre. Tout devait être irréprochable, pas de mauvaises herbes, légumes alignés en rang et surtout pas de pucerons, ni de limaces ou d’escargots, ni de doryphores. On jardinait contre quelque chose, l’ennemi était là, il fallait le traquer. Nous sortions de deux guerres mondiales, l’ennemi ne se trouvait plus sur les champs de bataille mais dans nos potagers.
Comment arrivait-t-on à avoir des jardins exempts de vilains pucerons ou de redoutables doryphores voire de mauvaises herbes ? Par des produits chimiques qui tuaient ces indésirables.
Ensuite, il y a eu des prises de conscience. Ces produits ne tuaient-ils pas les insectes utiles comme les abeilles ? n’étaient-ils pas nocifs pour la santé ? et puis ces fâcheux insectes n’avaient-ils pas un rôle à jouer ?
L’industrie agro-chimique a ricané, nous ne sommes pas au pays des Bisnounours. Si vous voulez des légumes exempts de tâches, de vers, si vous voulez que vos salades ne soient plus dévorés la nuit par ces mollusques affamés, une seule solution : on tue à grand renfort de produits.
Néanmoins, la graine de la conscience écologique était semée. On s’est mis à parler de système holistique, de permaculture. Il ne s’agissait plus de jardiner contre la nature mais avec elle.
Mais revenons à nos limaces, le but de cet article.
Vous avez dû remarquer à vos dépens que ces deux dernières semaines, elles ont été particulièrement présentes et parfois dévastatrices. La météo pluvieuse que nous connaissons depuis le 7 mai leur est favorable et explique ce phénomène.
Mais que faire pour s’en protéger ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’elles ont un rôle à jouer au potager. Elles mangent les champignons nuisibles qui génèrent des maladies et permettent la multiplication des champignons indispensables. Qui l’eut cru ? Les éradiquer complétement risquerait de poser plus de problème que d’en résoudre.
Mais comme en toute chose, il faut trouver un équilibre. Trop de limaces et bonjour les dégâts au potager.
Il y a d’abord une réponse à long terme : multiplier la biodiversité en diversifiant les niches écologiques qui attireront les prédateurs. Un vieux tas de bois pour attirer les hérissons, un point d’eau pour accueillir les crapauds et les grenouilles, un tas de pierres pour abriter les lézards….
Mais c’est du long terme et lorsque l’on se lève le matin et que l’on s’aperçoit qu’il ne reste rien des jeunes plants de salades, que les feuilles des basilics sont trouées et que les tiges des haricots qui commençaient à sortir de terre ont été décapitées, on en perd son sens de l’humour et son sens de l’écologie…
Une solution consiste à laisser de vieilles planches en bois sur son terrain. Je précise du bois, pas du contreplaqué ni du mélaminé. Les limaces iront se réfugier en dessous de la planche notamment pour se protéger du soleil, il suffira tôt le matin d’aller les cueillir.
Une autre solution est de déposer des déchets de cuisine prêts des plantes que l’on souhaite protéger. La limace agit comme un éboueur du jardin, elle préfère les légumes en décomposition, elle s’attaquera plus volontiers à une salade malade qu’à une salade vigoureuse.
Une troisième solution consiste à couper une bouteille plastique en deux et à mettre la partie haute sur la plante à protéger. Sans le bouchon pour lui permettre de respirer. Pendant la journée, il faudra les enlever pour éviter un effet de serre qui pourrait brûler la plante. C’est un peu fastidieux mais efficace.
Une quatrième astuce est de semer dans des godets ou des bacs et attendre que les plants soient bien vigoureux avant de les installer au jardin. La limace aime ce qui est jeune et tendre. Dès que les feuilles deviennent un peu plus coriaces, elles s’en détournent.
Pour terminer, il semblerait que nos gastéropodes aient des préférences culinaires. Les limaces préfèrent les jeunes laitues vertes, elles sont moins attirées par des salades rouges. La batavia rouge grenobloise aura plus de chance d’échapper à leurs mandibules que sa cousine la Reine de Mai.
Allez savoir pourquoi ….