En 2004, quand Frédéric s’installe à la Campagne Sigalloux, les pruniers de son père ont été arrachés depuis des années et la seule intervention se réduisait à passer le broyeur une fois par an. Mais Frédéric a mûri son projet, il veut des arbres fruitiers, des variétés anciennes et il veut les cultiver sans pesticides. C’est ambitieux parce qu’il n’a aucune expérience et il travaille à plein. De plus les sols sont restés très pauvres et c’est le chiendent qui domine.
Les premières années du verger ne sont pas très favorables aux arbres : manque de temps, de connaissances et d’expérience. Les cerisiers ont des brûlures de soleil sur le côté du tronc au Sud Ouest. Les pommiers ont probablement été greffés sur des porte-greffe nanifiant qui limitent leur développement. Les pêchers ont du mal à survivre à la cloque. Les oliviers ont l’œil de paon. les poiriers sont rachitiques…
Sol pauvre, variétés inadaptées, porte-greffe inadaptés, apports nutritifs insuffisants, irrigation insuffisante, ravageurs et maladies pas maîtrisées, pas de protection contre le vent…
Avec l’expérience et les connaissances acquises, les erreurs ont été rectifiées.
Le verger avait été planté de façon conventionnelle avec alignements d’arbres fruitiers Progressivement, les alignements ont été complétés par d’autres plantes comme le thym. Puis ce sont les intervalles entre les rangs qui ont été investis par toute sorte de plante et d’arbres. On trouve donc des sauges, des romarins, de la lavande, des asters, de la vigne, des Perovskaia. Ce sont pour la plupart des boutures. On trouve également des muriers issus des vieux muriers de la propriété planté il y a plus de 100 ans pour l’élevage du ver à soie.
Des tilleuls ont été pris place au verger pour créer un couloir écologique pour les chauves-souris.
le verger s’est donc densifié et les arbres fruitiers ne sont que des arbres parmi d’autres arbres.
Le sol a été abondamment couvert de broyat avec une bonne partie de bois et de BRF. Depuis, en automne, il apparaît des quantités de champignons de diverses espèces alors qu’autrefois, il n’y en avait pas du tout.
Nous avons reconstitué la fertilité d’un sol forestier. Si nous observons des champignons, c’est que le mycélium est bien présent dans le sol et nous pouvons imaginer que la symbiose mycorhizienne s’est répandue. Nous serions donc dans une situation d’agroforesterie.
Plus simplement, nous sommes convaincus qu’il faut jardiner avec la nature et surtout pas contre.
Nous n’utilisons aucun pesticide, même pas de bouillie bordelaise.
Bien sûr, cela impose des choix notamment la sélection variétale qui ne dépend plus de nos goûts mais de l’adaptation aux conditions locales dans la perspective d’un réchauffement climatique inéluctable. Nous avons trogné et greffé les variétés les plus résistantes aux prédateurs.
Peu à peu, le verger est devenu un petit écosystème qui accueille de nombreux insectes mais aussi des oiseaux, des lézards….
Le verger nous permet de manger des fruits frais de la fin avril à la fin octobre. Il nous permet aussi de transformer ces fruits ; confitures, gelées, fruits déshydratés, olives de table, huile d’olive pour en profiter toute l’année.
Le verger en 2023
Projets :
- Densifier davantage
- Introduire de nouvelles variétés
- Tester des traitements préventifs aux Huiles essentielles et extraits fermentés de plante (source : Eric Petiot)
- Installer des points d’eau
- participer aux activités de l’association « les croqueurs de pommes »